Il y a quelques mois nous avons reçu un mail qui a retenu notre attention. En général, dès qu’il s’agit de communiquer sur des emplacements de lieux abandonnés ou de parler des moyens d’accès, nous répondons par la négative. Nous avons même rédigé un texte que nous avons mis en ligne pour répondre rapidement et clairement à ce type de demandes. Mais ce mail là était différent, et nous l’avons relu plusieurs fois avant de contacter son auteur.

Simon Masi, un pilote de VTT trial originaire de Grenoble, souhaitait faire une vidéo de trial dans un site industriel que nous avions visité il y a un moment. Ce qui changeait des autres demandes que nous avions reçues, c’était d’une part le ton amical, et d’autre part le fait qu’il ne nous contactait pas pour obtenir une adresse, mais pour se renseigner sur les dangers de l’exploration urbaine.
Des discussions se sont donc engagées par mail, puis par téléphone, pour comprendre les motivations et les objectifs de Simon.

Ayant pratiqué le Trial VTT en compétition à un niveau international, il est aujourd’hui moniteur. Il fait également des tournées avec sa Team Freestyl’Air, pour participer à des démonstrations et des animations autour de cette pratique. Simon est donc au top niveau, mais n’a aucune connaissance du milieu dans lequel il projette de tourner. Il cherche donc à comprendre les risques pour les éviter et finir sa vidéo sans dommages pour lui ou son matériel. Rassurés sur ses intentions, nous décidons de collaborer.

Nous ne sommes pas des fous de trial, mais nous sommes quand même intéressés par ce qui sort de l’ordinaire, et du trial dans une friche industrielle, c’est quand même loin d’être courant. Nous avons également une autre motivation, il est entendu que nous pourrons prendre des photos pour constituer un making-of, et nous la photo en friche, on aime...

Les conditions sont rapidement posées pour que nous participions, le projet devra se faire dans le respect le plus total des lieux, ce qui implique aucune dégradation, aucune modification irréversible des lieux, aucun aménagement d’aucune sorte et une discrétion totale sur la localisation. Finalement nos conditions étaient une évidence pour le pilote, et nous comprenons que nous sommes sur la même longueur d’onde.

Un premier rendez-vous est pris, sur place, pour effectuer des repérages. Il réfléchit aux figures qu’il pense faire. Nous regardons la faisabilité d’un point de vue sécurité et respect du lieu. Le pari est loin d’être gagné à ce stade, le lieux est très dangereux, et en apparence il ne se prête pas au trial. Nous n’avons pas une connaissance assez grande en VTT pour imaginer ce qu’il est possible de faire, et nous sommes plutôt surpris par ce qu’envisage Simon. Après réflexion, la décision est prise, le tournage aura bien lieu ici !

Nous faisons face à plusieurs difficultés. Il faut amener sur place deux novices dans le monde de l’urbex et assurer au mieux leur sécurité, et la notre. Il faut également amener du matériel vidéo, un vélo, des outils et des pièces de rechange. Nous n’avons pas d’autorisation pour tourner, les lieux sont en théorie interdits d’accès, et nous savons que la société de sécurité passe régulièrement.
Côté photo, nous devons évoluer dans un endroit très sombre, avec de forts contrastes dus à la lumière extérieure. Nous ne pouvons pas utiliser de flash pour ne pas perturber le tournage. Enfin nous faisons du live, pas de replay pour nous, nous shootons tout ce que nous pouvons.

Le matin du tournage nous nous retrouvons à 8H, pour entrer avant que la ville ne soit trop éveillée. Nous transférons rapidement le matériel à l’intérieur, et après les rappels de sécurité, la journée de tournage commence. Rapidement l’équipe formée pour la journée s’entend bien, et chacun y va de sa participation pour aider au mieux Simon à évoluer. Nous sommes bluffés par son agilité et par les figures qu’il parvient à réaliser, parfois sur la largeur d’un garde corps, à plusieurs mètres de haut.
La journée s’achève au bout de 10H, nous sommes tous épuisés, même nous qui ne faisions qu’aider. Bilan : pas de casse, mais deux frayeurs bien maitrisées par le pilote. Nous avons su utiliser les éléments dont nous disposions dans le respect des lieux, nous avons même improvisé une grue de tournage avec une potence et une corde, sur laquelle le cameraman à pris plaisir à se faire balader, il ne voulait plus descendre !

Nous avons sélectionné quelques photos qui sont disponibles dans notre galerie, et vous pouvez également visionner la vidéo de Simon Masi réalisée par Joé BOCACCIO et Traym Prod.

Retrouvez l'intégralité des photos dans la galerie