Des voisins à droite, des voisins en face, un couple assis sur sa terrasse en train de prendre le café, le grand-père qui promène son chien... Il n’y a pas à dire, ce matin, même si nous sommes arrivés tôt, l’accès à notre objectif du jour sera compliqué.
Nous avons garé la voiture assez loin pensant être discrets, mais il est évident que c’est loupé. Une fois devant la bâtisse nos affaires se compliquent encore, en effet un rapide coup d’œil met en évidence une certitude : le seul accès c’est par cette petite fenêtre en hauteur, et face à la route. On ne peut pas faire plus visible.
En général dans ce cas de figure on a trois options. La plus prudente, on fait demi-tour et on revient avant le lever du jour suivant. La plus subtile, on attend discrètement en analysant les passages pour repérer des cycles qui nous permettent d’entrer sans se faire voir. Ou bien la plus téméraire, celle que nous avons instinctivement enclenchée, on part droit sur la cible et on entre quoi qu’il se passe. Nous verrons bien si les Carabinieri viennent nous chercher, ça fait longtemps que nous n’avons pas fait une partie de cache-cache.

Nous voilà donc à l’intérieur, un regard vers la route pour vérifier s’il y a de l’animation suite à notre entrée fulgurante, puis nous refermons le volet, il devrait nous protéger de l’extérieur. Nous avons atterri dans une immense chambre. Elle est encore entièrement meublée, à cet instant nous nous disons que si le reste de la maison est du même niveau la visite promet d’être belle. Nous immortalisons cette première pièce et empruntons le couloir qui dessert les autres, rapidement nous comprenons que oui, la visite va être belle. Après avoir vu les autres chambres et la cuisine, nous nous attardons dans la pièce principale, un immense hall dont une partie du plafond s’est effondrée. Un salon a été disposé là, au milieu des décombres et des cadres encore accrochés au mur. Cette pièce donne une ambiance vraiment surréaliste.
Nous terminons la visite par le bureau et son pupitre qui vaudra le nom de ce lieu, "la casa del pittore", car manifestement dans cette demeure vivait un peintre.

Avant de repartir nous jetons un œil à l’arrière-cour. Cette maison est en fait intégrée à un ensemble bien plus grand, une sorte de château presque entièrement en ruine. Nous cherchons s’il y a une possibilité de sortir par l’arrière pour éviter les passants, mais il semble que ce soit très compliqué. Aussi loin que notre regard porte nous ne voyons que des ronces et des gravats. Nous repartons donc par la petite fenêtre, mais cette fois il n’y a plus personne dans la rue. De retour à la voiture il n’y a plus ni voisins ni café ni chien ni grand-père, et surtout aucune trace de Carabinieri.