Quand les points de couture tournent aux points de suture... En ligne les brodeuses c’est le temps des chômeuses, c’est l’heure de rendre la blouse, de tremper les mouchoirs. Habillez les jupons sur un fichus de paille, puisque tous les patrons nous laissent sur la paille...
La rentabilité... haaaa la rentabilité. Ici soixante ouvrières travaillaient, confectionnaient des chaussettes et des collants haut de gamme.
Depuis le début du XIX ème ici on s’appliquait à produire Français, à produire de la qualité. Oui mais voilà, la rentabilité, le profit... Alors les ouvrières ont été remerciées, remplacées, pour des histoires de p’tits sous. On est parti produire plus loin, là où c’est moins cher, là où ça permet plus de profit. Et puis on garde l’image de marque,
alors c’est facile.
Certes, si les usines ne fermaient pas, nous ne visiterions pas autant de sites, et nous n’existerions peut-être même pas. Mais à chaque fois que nous investissons un site industriel nous ne pouvons nous empêcher de penser aux vies qui ont été bouleversées par ces délocalisations. L’usine n’a pas fermé depuis très longtemps, et pourtant aux abords la végétation a déjà repris le dessus. L’accès est simple, car aucune précaution n’a été été prise, un peu comme si jusqu’à la fermeture de ce lieu on avait bafoué son importance. Il règne ici un calme solennel.
Nous avançons au milieu de l’atelier, tout est là, les machines, les bobines de fil, les gabarits. On dirait que le personnel est parti un soir à la fermeture et n’est jamais revenu. C’est sans doute d’ailleurs ce qui s’est passé. Dans l’atelier principal nous sommes accueillis par une foule de jambes... Ce sont les mannequins sur lesquels la qualité des produits était testée. Des visiteurs taquins les ont disposés de manière amusante, et photogénique, alors nous en profitons.
Dans une autre partie de l’usine nous tombons sur des machines posées sur des palettes, prêtes à être vendues aux enchères, à quelque investisseur qui flairera la bonne affaire. Il y a même un gros stock de chaussettes et de collants. Décidément nous ne comprendrons jamais cette logique de l’abandon, quel gâchis... Un peu plus loin nous tombons sur une pièce qui fait notre émerveillement. C’est un petit musée du tissage et de la couture qui apparaît derrière cette porte. Il y a de vieilles machines à coudre, des tisseuses, et d’autres appareils dont nous ne comprenons pas la fonction.
Que va-t-il advenir de ce musée... Malheureusement il y a de grandes chances que tout soit perdu. C’est en pensant à tout ce patrimoine sacrifié que nous regagnons la sortie, en toute discrétion, comme à notre habitude, mais avec cette fois un peu de dépit. Nous laissons la place à d’autres visiteurs nostalgiques qui viendront comme nous contempler deux siècles de savoir faire dans ce morceau de patrimoine de l’industrie française.
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2 commentaires
je connais un endroit abandonné cest ***** la ville c est ****** dans le département ** l adresse est ******* je pense que c est une ancienne usine
Bonjour,
Ce site est magique !
Dans quelle région se trouve-t-il ?
Bravo !