Bon sang mais quand est-ce qu’elle va sortir de ce jardin celle-là... Voilà un quart d’heure qu’elle fait des va-et-vient en vociférant pendant que nous attendons sous la pluie. A croire qu’elle nous a vus et qu’elle le fait exprès. Se pourrait-il qu’elle le fasse exprès ? Elle nous aurait repérés ? Non c’est impossible, nous passons pour des touristes dans ce parc qui jouxte les thermes abandonnés. Non elle ne nous a même pas remarqués, elle semble un peu perdue, comme dans son monde. On ne peut plus attendre il faut se décider, il commence à y avoir trop de monde autour du parc. Notre intruse nous tourne le dos dix secondes, et c’est juste le temps qu’il nous faut pour sauter la grille et entrer dans l’enceinte de notre spot du jour.

Nous voilà donc dans la cour intérieure de cet immense complexe thermal abandonné, mais la partie est loin d’être gagnée car il nous reste à trouver une entrée. Vous le savez depuis que vous nous suivez, nous ne cassons pas pour rentrer, quitte à chercher un accès pendant des heures ou même à ne pas rentrer. Et des heures, c’est ce qu’il nous aura fallu pour trouver notre voie. Après avoir visité la chaufferie en cul de sac, après avoir escaladé les façades pour nous retrouver dans des cagibis verrouillés, après avoir rampé dans un conduit technique, nous finissons par entrer par une lucarne restée ouverte. Nous sommes maintenant dans un immense couloir. Il y a bien longtemps que nous n’avions pas mis les pieds dans un site aussi vaste, l’équivalent serait peut-être le SHT [lien SHT].

L’endroit est très propre, presque trop. Seules quelques traces de plâtres tombés du plafond nous confirment que nous sommes bien dans un lieu abandonné. Dans le hall nous trouvons un calendrier de 2007, sans pour autant savoir si c’est bien l’année de fermeture. L’abandon semble beaucoup plus récent. Dans les salles d’auscultation le matériel est encore là, tout comme les produits de traitement. Au fil des pièces nous passons des chambres aux bains puis aux salles d’irrigation vaginale… Oui c’est bien ce qui est écrit sur cette pancarte, et ce que nous y trouvons ne fait aucun doute.
Nous en sommes à peu près à la moitié de la visite quand nous entendons des voix dans la cour intérieure. Nous nous dirigeons vers une fenêtre pour voir s’il s’agit des carabiniers et nous découvrons un groupe de trois personnes qui cherche visiblement à entrer. Ce sont des explorateurs urbains. Nous les observons quelques minutes et constatons qu’ils tentent les mêmes accès en cul-de-sac que nous. Nous décidons de poursuivre la visite en silence en nous disant que nous les croiserons quand ils seront entrés. Nous n’aurons cependant pas le plaisir de les rencontrer à l’intérieur car ils viennent de se faire interpeller par la police locale. Ce sont de nouvelles voix qui nous ont amenés à cette même fenêtre d’où nous observons la scène. Après quelques échanges nos collègues et les agents repartent chacun de leur côté, nous sommes contents pour eux. Nous devons maintenant prendre une décision, nous attarder un peu et revisiter certaines pièces qui nous ont plu, ou lever le camp pour éviter de se faire prendre. Nous pensons que le site va être surveillé pour le reste de la journée et décidons de sortir. Nous reviendrons c’est sûr, pour le plaisir de parcourir à nouveau ces couloirs majestueux. Et qui sait, nous rencontrerons cette fois peut-être ces urbexeurs malchanceux.

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