L’hiver, nous manquons parfois de motivation pour nous lever tôt et partir à l’assaut d’une friche. Le froid nous oblige à nous couvrir et rend les mouvements pénibles quand il s’agit de faire des photos. C’est pourquoi quand nous le pouvons nous nous rendons sous terre, là ou la température est agréable, même en hiver. Cet après-midi, nous sommes aux pieds d’une falaise et nous partons visiter une ancienne carrière de marbre.

Certes nous serons bientôt au chaud, mais avant nous devons grimper à flanc de montagne sur plusieurs centaines de mètres et dans la neige. Nous sommes correctement équipés et nous progressons lentement. Nous ne voyons pas où nous mettons les pieds et une erreur pourrait nous faire redescendre la pente rapidement. Après quelques derniers efforts nous voilà arrivés sur un plateau. Nous découvrons les vestiges des installations des carriers. Les grandes roues qui permettaient de monter et descendre les charriots sont encore en place et résistent au temps. Les rails et les charriots laissés à l’extérieur ont eu moins de chance, quelques morceaux dépassent de la neige, mais ils sont très dégradés.
Nous nous dirigeons maintenant vers l’entrée de la carrière. De gros blocs se sont récemment effondrés, nous ne trainons pas à l’entrée, si un nouvel effondrement se produit ce ne sont pas nos casques qui nous protègeront…

Une fois à l’intérieur la tension se relâche et la température nous permet de poser les vestes. Nos lampes à acétylène sont allumées, nous partons à la découverte des lieux.
Nous avons trouvé assez peu d’informations sur ces carrières, voire même des informations contradictoires. Il semblerait que la fin de l’exploitation se situe pendant la Seconde Guerre mondiale, ou juste après. 150 personnes auraient travaillé ici sous la direction d’un belge. Les premiers écrits concernant ce massif et son marbre datent de la fin du XIXème. Ils font mention d’une exploitation de la montagne par les Romains. Cela n’a rien d’étonnant quand on connaît leur goût pour le marbre. La présence de deux cités importantes non loin, Viennensis (Vienne) et Lugdunum (Lyon) n’y est certainement pas étrangère. On retrouve ce marbre dans des constructions connues à Paris, comme l’opéra ou l’hôtel de ville, mais également un peu partout dans le monde.

L’entrée principale du site est monumentale et débouche directement sur une première salle aux dimensions importantes. Notre visite nous emmène de salle en salle, par des passages souvent étroits, ce qui amplifie encore l’impression de gigantisme des salles. Certaines ne font pas moins de 20 mètres de haut sur 30 mètres de large et s’étendent sur une centaine de mètres de long.
Nous nous attardons un moment sur les rails et les berlines, encore en bon état. Nous parcourons les divers aiguillages et suivons le rail principal, qui nous emmène vers autre entrée. Après une petite pause, nous repartons pour rejoindre les niveaux supérieurs. Ils ont été volontairement bouchés, ce qui rend notre ascension compliquée. Le froid a figé l’eau qui s’écoule du haut de la montagne et par endroits, des stalagmites se sont formés. Nous sommes maintenant dans un tunnel qui en est rempli, ce qui nous donne l’impression d’être dans le monde de Superman, au milieu de cristaux de cryptonite !
Un rapide coup d’œil à nos montres nous indique qu’il est déjà tard, nous devons regagner l’entrée pour effectuer la descente avant qu’il ne fasse nuit. La neige rendrait un retour nocturne beaucoup trop dangereux. Il nous reste quelques recoins à explorer dans cette carrière, c’est certain nous ne tarderons pas à revenir.

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